Informantes Sahagún
Bernardino de Sahagún étudie au
couvent de Salamanque où il prononce les vœux. En 1529, il est envoyé au Mexique. Il y suit les premiers missionnaires affectés à ce pays, où il
travaille jusqu'à sa mort plus de soixante ans plus tard. Il est affecté au
collège franciscain de Santa Cruz à Tlatelolco, près de Mexico. Il participe à l'œuvre de
prédication, de conversion, et d'instruction des enfants de la noblesse
indigène en latin et en nahuatl, entreprise par les Franciscains,
avec l'appui du vice-roi Antonio de Mendoza. Par des années d'étude
approfondie et de pratique quotidienne il acquiert lui-même la maîtrise de la
langue aztèque.
Ce précurseur de l'ethnographie commence par rédiger en 1547 un recueil de discours moraux nahuas («Huehuetlatolli»).
De 1550 à 1555, il travaille à une histoire de la
Conquête espagnole, en se basant sur les récits des survivants indigènes. En 1558, son travail attire l'attention du provincial de l'ordre
des Franciscains, Franscisco de Toral, qui le charge de
compiler en langue aztèque un abrégé d'éléments de culture mexicaine, qui
pourraient se révéler utiles dans l'œuvre de christianisation des Indiens. Ce travail, qu'il accomplit avec
l'aide de ses élèves, dure sept ans. Sahagún rédige des questionnaires, qu'il
soumet à des « Informateurs », c'est-à-dire des vieillards
ayant connu la société indigène avant la conquête espagnole, auxquels ces
derniers fournissent des réponses sous forme de pinturas (les manuscrits
pictographiques) et de commentaires en nahuatl. De 1558 à 1560, il séjourne à Tepepulco. De 1561 à 1565, il revient à Tlatelolco, où il
poursuit son enquête. En 1565, Sahagún est transféré au monastère
de Saint-François à Mexico. Il continue à corriger son manuscrit, qu'il décide
de diviser en douze livres.
À la suite de conflits à l'intérieur
de l'ordre des Franciscains, Sahagún se heurte à l'hostilité de son supérieur.
Privé d'aide à l'approche de la vieillesse, il est en outre affligé d'un
tremblement de la main. Ses manuscrits lui sont finalement confisqués. Ce n'est
qu'en 1573 qu'on les lui rend. Un nouveau commissaire général, Rodrigo de Sequera, attire l'attention de Juan de Ovando, président du Conseil des Indes, sur le travail de Sahagún et lui permet
d'en faire une traduction espagnole complète et lui fournit toute l'aide
nécessaire. Dès que le manuscrit de l'Histoire générale des choses de la
Nouvelle-Espagne est terminé, Sequera se le fait remettre.
C'est à la même époque (1577) que Philippe II prend la décision d'interdire
l'étude du passé «païen» des indigènes : « Par certaines lettres
que nous avons reçues de ces provinces, nous avons appris que le Frère
Bernardino de Sahagún de l'ordre de Saint-François a composé une Histoire
universelle des choses les plus remarquables de cette Nouvelle-Espagne, laquelle est un recueil fort copieux de tous
les rites, cérémonies et idolâtries dont les Indiens usaient au temps de leur
infidélité; elle est divisée en douze livres et composée en langue mexicaine.
Et, bien qu'il soit évident que le zèle du dit Frère Bernardino ait été bon et
inspiré par le désir de faire œuvre utile, il est apparu qu'il ne convient pas
que ce livre soit imprimé ni ne circule d'une quelconque manière en ces
régions, pour un certain nombre de raisons.»1. Les brouillons de Sahagún
sont également confisqués. Il ne reverra jamais son œuvre. À la fin de sa vie,
il rédigera encore quelques ouvrages, dont une étude sur l'art de la divination
chez les Aztèques et un dictionnaire trilingue
nahuatl-latin-espagnol.
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